Merz : l'Allemagne de retour, le désamour et quelques fours

Friedrich Merz a été au premier plan sur la scène internationale ces derniers jours avec les négociations sur l'Ukraine à Berlin puis le conseil européen. Le chancelier l'avait promis : "Germany is back" mais Merz ne parvient pas toujours à s'imposer comme on l'a vu au sommet de Bruxelles. En Allemagne, son gouvernement reste très impopulaire.

Lettre d'Allemagne
11 min ⋅ 21/12/2025

Chères lectrices, chers lecteurs,

Cette lettre d’Allemagne est la dernière libre d’accès. A partir de janvier, la majorité du contenu sera payant.

Cette newsletter existe depuis quatre ans et est restée jusqu’à présent libre d’accès. Certaines personnes ont volontairement décidé de la soutenir et je les en ai remercie chaleureusement. Mais le travail que cette lettre demande ne me permet plus de la réaliser en sacrifiant mon temps libre.

Je sais grâce à vos retours positifs que vous être nombreux à apprécier le contenu des informations qui vous sont proposées. J’espère donc que vous serez prêts à l’avenir à une modeste rétribution pour continuer à les consulter. Une partie de la lettre d’Allemagne restera lisible gratuitement et bien sûr un sommaire vous permettra de connaître l’intégralité des sujets évoqués.

Merci encore pour votre fidélité !

Pour s’abonner :

https://lettredallemagne.kessel.media/


Au menu de cette Lettre d’Allemagne : les réformes sociales du gouvernement; le nouveau service militaire et les dépenses de défense en hausse; l’AfD et son trip MAGA; les notes décisives qui ont conduit à la chute du mur de Berlin au centre d’une procédure judiciaire.


“La fin du Aussenkanzler ?” s’interroge ce dimanche “Bild am Sonntag”. Un mot utilisé depuis quelques mois -”le chancelier des Affaires étrangères”- pour désigner l’importance donnée par Friedrich Merz à la diplomatie. Le chancelier avait promis après la réserve de son prédécesseur Olaf Scholz sur ces dossiers de replacer l’Allemagne sur le devant de la scène internationale. Certains d’ailleurs lui ont reproché depuis d’en faire trop et de délaisser la politique intérieure et les nécessaires réformes dont l’Allemagne a besoin.

Les discussions sur l’Ukraine il y a une semaine à Berlin entre les émissaires américains Witkoff et Kushner et Volodymyr Zelensky puis la présence lundi soir de nombreux chefs d’Etats et de gouvernement européens à Berlin ont mis en exergue le rôle de Merz. Le chancelier s’est efforcé de redonner à l’UE sur ces questions un rôle que les Etats-Unis lui dénient. Des avancées ont eu lieu sur les garanties de sécurité en faveur de Kiev que Washington et l’Europe pourraient proposer en cas d’accord de paix. Mais on a vu au plus tard avec la “conférence de presse” de Vladimir Poutine vendredi que ces discussions se heurtaient à l’intransigeance de la Russie.

L’utilisation des avoirs gelés russes en Europe (voir caricature ci-dessus) pour financer l’effort de guerre ukrainien était le cheval de bataille de Friedrich Merz avant le sommet européen. Le chancelier avait proposé un montage juridique complexe qui n’a pas obtenu l’assentiment d’une majorité. Friedrich Merz qui avait estimé avant la rencontre de Bruxelles qu’il en allait de la crédibilité de l’Europe a dû accepté une solution qu’il avait pourtant exclue à savoir un prêt de l’Union européenne à Kiev. Pour le chancelier, un accord des 27 sur le traité de libre échange avec les pays sud-américains du Mercosur était tout aussi vital. Pour un pays exportateur comme l’Allemagne et depuis toujours partisan du libre-échange, un compromis était nécessaire surtout à l’heure où le made in Germany perd des parts de marché en Chine et aux Etats-Unis. Mais là aussi, Friedrich Merz, si péremptoire avant le sommet, a dû essuyer un échec. Les états d’âme de l’Italie ont permis aux pays partisans d’un nouveau sursis avant une signature du texte de retarder sa signature.

”Bricolage de Noël à Bruxelles”

De retour à Berlin, Friedrich Merz a argumenté que la solution trouvée pour l’Ukraine était encore “meilleure” que celle qu’il proposait initialement. Il a aussi souligné, à juste titre, que l’essentiel était que Kiev obtienne avec ce prêt de 90 milliards d’Euros les moyens nécessaires à la poursuite de son effort de guerre durant les deux prochaines années. Pour le Mercosur, la perspective d’une possible signature de l’accord en janvier a suscité une remarque pragmatique du chancelier : “après 26 ans de négociations, nous pouvons bien attendre encore un mois”.

Il n’empêche. Cette double retocade de Monsieur “Germany is back” refroidit les ambitions du “chancelier des Affaires étrangères”. Les avoirs gelés russes, s’ils restent bloqués, ne seront pas utilisés pour financer l’Ukraine. Comme le montre la caricature ci-dessous, c’est Friedrich Merz, qui tel Hibernatusn prend un coup de froid diplomatique. (l’expression allemande “kaltstellen” signifie mettre quelqu’un sur la touche).

Les critiques sont nombreuses contre Friedrich Merz qui a présenté son plan comme étant sans alternative et a négligé les difficultés juridiques de ce dernier comme la résistance de ses collègues, à commencer par celle du premier ministre belge. Pour les milieux conservateurs allemands, un prêt de l’UE ressemble étrangement à une dette commune européenne qui provoque dans ces cercles des poussées d’urticaire.

Reste comme le souligne différents responsables politiques chrétiens et sociaux-démocrates que l’essentiel est acquis, à savoir un financement de l’effort de guerre ukrainien. Si Friedrich Merz ne peut pas encore succéder à Angela Merkel comme “Mister Europe”, il faut lui laisser qu’il a pris des risques et des initiatives. Olaf Scholz avait lui brillé par son inertie.

De retour à Berlin vendredi, le chancelier a subit la prochaine défaite avec l’élection à tête de la fondation Adenauer de l’ancienne présidente de la CDU et ex-dauphine d’Angela Merkel Annegret Kramp-Karrenbauer. Cette adversaire de Merz s’est imposée lors d’un vote inédit contre le candidat du chancelier.

La conjoncture atone en Allemagne (voir ci-dessous) ne contribue pas à remonter le moral des troupes. L’impopularité du gouvernement Merz atteint des sommets comme le montre ce graphique paru dans l’actuel numéro du magazine “Der Spiegel”. On y voit que le pourcentage d’Allemands qui a une très mauvaise ou une mauvaise opinion de leur gouvernement est passé de 55 à 70% depuis le mois de juillet. Ils ne sont plus que 30% à tirer aujourd’hui un bilan positif de l’action de leurs dirigeants.

La guerre froide avec la Russie

Ce rôle actif de l’Allemagne aux côtés de l’Ukraine comme les critiques régulières contre la Russie expliquent que Berlin soit dans le colimateur de de la guerre hybride menée par Moscou contre ses adversaires. On l’a encore vu ces derniers jours. L’ambassadeur de Russie en Allemagne a été convoqué au ministère des Affaires étrangères après que ce dernier a déclaré pouvoir affirmer “de manière formelle” que la Russie était responsable d’opérations de désinformation durant la dernière campagne électorale et d’une attaque informatique contre le système de sécurité du trafic aérien allemand durant l’été 2024.

En amont des dernières législatives, de nombreuses vidéos bidon ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Elles évoquaient un prétendu séjour en hôpital psychiatrique de Friedrich Merz, un scandale de corruption frappant l’ancien vice-chancelier écologiste Robert Habeck ou une manipulation du vote par correspondance dont aurait été victime, comme par hasard, la cinquième colonne de Moscou en Allemagne, l’Alternative pour l’Allemagne.

Ca n’est pas non plus un hasard si la Russie a déclaré la semaine dernière la radio-télévision internationale Deutsche Welle “indésirable” en Russie. Le partenaire de France Medias Monde avait dû fermer son bureau à Moscou dès le début de l’invasion russe de l’Ukraine et était déjà considéré comme “agent de l’étranger”. La nouvelle classification a des conséquences pénales pour les utilisateurs des contenus de Deutsche Welle qui peuvent être poursuivis s’ils les partagent ou les commentent sur le net. Les Russes qui fournissent des informations au média allemand peuvent également être poursuivis.

Les réformes avancent…

Retraites

L’adoption du texte a tenu le monde politique en haleine durant tout l’automne. La réforme des retraites allait-elle obtenir une majorité au Bundestag alors qu’un groupe de jeunes chrétiens-démocrates trainait les pieds critiquant des mesures jugées trop coûteuses et hypothéquant l’avenir de leur génération.

Le texte phare de la coalition au pouvoir prévoit la stabilisation du niveau des retraites à 48% du salaire moyen jusqu’à 2031, une disposition qui tenait à coeur aux sociaux-démocrates. La fronde de 18 jeunes députés CDU/CSU se cristallisait sur une clause prolongeant ce niveau au-delà de 2031 et qui coûterait une centaine de milliards d’Euros.

”Les résistances iniitales se laissent surmonter dans le consensus avec une patiente force de conviction et un talent pédagogique” déclare Merz trainant par un pied un jeune député chrétien-démocrate récalcitrant

La coalition composée des chrétiens et des sociaux-démocrates ne disposant que d’une majorité de douze voix, la réforme était donc menacée ainsi que l’autorité du chancelier. Les responsables CDU/CSU ont travaillé au corps leurs jeunes collègues rebelles. A l’arrivée, certains ont tenu bon et ont rejeté le texte mais celui-ci a été adoptée par la majorité absolue des membres du Bundestag. Une commission vient d’être mise en place cette semaine. Elle doit présenter des propositions de réforme du système de retraites d’ici mi-2026. Les Allemands demandent encore à être convaincus. 83% d’entre eux d’après un sondage ne croient pas qu’une grande réforme verra le jour.

Aide sociale

Peu de réformes depuis une vingtaine d’années suscitent autant de débats en Allemagne. L’aide sociale constitue un pilier de l’Etat providence germanique pour la gauche qui voit d’un mauvais œil des mesures coercitives jugées dégradantes. A droite, les critiques contre le coût de ces prestations vont de pair avec d’autres contre ce qui constituerait un assistanat organisé. Ces points de vue divergents expliquent qu’une énième réforme adoptée il y a quelques jours en conseil des ministres par chrétiens et sociaux-démocrates au pouvoir se soit faite dans la douleur.

La coalition du social-démocrate Olaf Scholz avait lancé en 2023 le « Bürgergeld/l’argent citoyen », un nom moins connoté négativement que l’ancien “Hartz IV”, héritié de l’époque Schröder. Le précédent gouvernement avait assoupli les possibles sanctions contre les bénéficiaires récalcitrants. Des hausses sensibles de cette prestation furent adoptées sous le gouvernement Scholz. Aujourd’hui, un adulte célibataire reçoit 563 Euros par mois (plus d’autres allocations le cas échéant pour le conjoint et les enfants). Son loyer est pris en charge.

Les chrétiens-démocrates critiquaient un manque de sanctions contre les prestataires récalcitrants -qui ne se présentent pas aux rendez-vous fixés par le JobCenter ou refusent une offre d’emploi. Mais ces sanctions n’avaient pas disparu. La droite dénonçait des prestations trop élevées qui décourageraient les bénéficiaires de travailler. La hausse sensible du SMIC ces dernières années comme d’autres prestations sociales montre qu’en fait un travail permet toujours de gagner plus qu’en touchant l’aide sociale. Autre critique, les coûts globaux pour l’Etat -plus de 50 milliards l’an dernier. Durant la campagne électorale, Friedrich Merz avait promis de substantielles économies. Il a dû revoir ses ambitions. La ministre des Affaires sociales ne table plus que sur quelques dizaines de millions d’Euros en moins. La sociale-démocrate Bärbel Bas a été accusée par les conservateurs cette semaine de vouloir réduire autant que possible les conséquences du nouveau texte. La gauche du SPD, elle, à commencer par les jeunesses sociales-démocrates est vent debout contre une réforme qui prévoirait des sanctions trop dures pour les bénéficiaires de l’aide sociale. Ils sont aujourd’hui 5,5 millions.

La nouvelle réforme prévoit des sanctions graduelles contre les personnes qui ne se rendent pas à des rendez-vous qui peuvent aller jusqu’à une suppression de ce qui doit s’appeler à compter du premier juillet prochain «Grundsicherung/ assurance de base ». A voir si le conseil constitutionnel accepte une suppression pure et simple. Des limites sont posées pour les personnes qui ont des problèmes psychiques ou pour protéger les familles. Les deux dernières décennies montrent que les sanctions que souhaitent les collaborateurs des jobcenter eux mêmes ne sont pas énormément appliquées.

Malgré les clivages importants sur ce dossier très émotionnel, les sondages des derniers mois montrent qu’une large majorité d’Allemands -également les sympathisants sociaux-démocrates- approuvent la réforme. Les deux tiers la soutenaient d’après un sondage en octobre ; un cinquième la rejetait.

Le Deutschlandfonds

Le gouvernement allemand a lancé un nouveau fonds destiné à attirer des investissements privés et publics pour un total de 130 milliards d’Euros pour renforcer les secteurs d’avenir et doper la croissance. L’Etat fédéral va l’alimenter avec 30 milliards et espère avec des garanties susciter 100 milliards d’investissements supplémentaires.

Les infrastructures plus prioritaires que les crapauds et les chauves-souris

Le gouvernement de coalition s’est accordé sur un projet de loi visant à accélérer grâce à des simplifications administratives la rénovation et le développement des infrastructures routières et ferroviaires alors que le réseau allemand vieillit mal. Ces travaux seront à l’avenir considérés comme étant d’un intérêt public supérieur au détriment de la consultation des riverains et de la préservation de la biodiversité. Les organisations de défense de l’environnement dénoncent un projet de loi qui doit être adopté en février.

…mais la conjoncture reste poussive

Ces différents projets ont fait dire à Friedrich Merz que l’Allemagne n’a jamais autant adopté de réformes d’ampleur. Pour autant, les promesses du printemps visant à obtenir un tournant de la conjoncture en quelques mois n’ont pas été tenues. Différents instituts ont revenu leurs prévisions à la baisse. L’IFO de Munich table pour 2026 sur une croissance de 0,8% et 1,1% en 2027. La Bundesbank a abaissé vendredi son pronostic (0,6% en 2026; 1,3% en 2027). Après deux années de récession en 2023 et 2024, l’Allemagne ne peut espérer cette année qu’une croissance symbolique de 0,2%. La banque centrale allemande souligne toutefois que le “bazooka budgétaire” pour moderniser les infrastructures et adopté au printemps grâce à une entorse au frein à la dette, devrait profiter à la croissance à partir du 2è semestre 2026 avec l’effet des commandes publiques supplémentaires.

Des pronostics à plus long terme restent déprimants. Les chercheurs de l’institut de conjoncture IFO estiment que sans des réformes en profondeur l’Allemagne pourrait bien être incapaable à moyen terme de renouer avec des taux de croissance comme ceux que le pays enregistrait avant la pandémie. Pour ces spécialistes, ce sont avant tout les coûts des systèmes sociaux (retraites, sécurité sociale, assurance dépendance) qui menacent l’avenir de l’Allemagne.

Moteurs thermiques : le compromis européen salué par Berlin

Après un accord avec les sociaux-démocrates en faveur d’un assouplissement de l’interdiction totale des moteurs thermiques au sein de l’UE à compter de 2035, Friedrich Merz avait écrit une petite lettre à sa camarade de parti Ursula von der Leyen pour demander à la présidente de la commission européenne plus de flexibilité. Les chrétiens-démocrates comme les constructeurs automobiles plaidaient pour une réforme de la réforme malgré les critiques de nombreux experts et des défenseurs de l’environnement.

le quotidien de gauche n’a pas fait dans la nuance avec une jeu de mots cinglant. “Auspuff” signifie en allemand “Pot d’échappement”; “Puffmutter” signifie “maquerelle”

Friedrich Merz a salué “une approche plus flexible et technologiquement neutre” après la décision de la commission européenne d’assouplir les règles. A partir de 2035, les nouvelles voitures sur le marché devront réduire leurs émissions de CO2 de 90% par rapport à 2021. Pour avoir accès à cette flexibilité, les constructeurs devront compenser leurs émissions en utilisant de l’acier à bas carbone produit au sein de l’UE et des carburants durables. Si ces reculs ne changent pas la donne en faveur de l’électrique, elles satisfont les partis conservateurs en Europe.

Hormis la réaction positive de Friedrich Merz, le compromis proposé par Bruxelles a également été salué par Volkswagen. Le premier constructeur européen a évoqué “une décision économique sensée”. La fédération des constructeurs allemands, VDA, aurait elle souhaité que Bruxeles opte pour une plus grande flexibilité.

Défense

le retour du service militaire

Le Bundestag a adopté le projet de loi prévoyant un service miliitaire volontaire au terme d’âpres débats entre chrétiens et sociaux-démocrates. Dès janvier, les jeunes Allemands, hommes et femmes, nés en 2008, recevront un questionnnaire de la Bundeswehr auxquels seuls les hommes auront l’obligation de répondre. Ces derniers devront passer un examen médical (les femmes également, si elles le souhaitent). Ce système ne sera systématisé qu’en 2027 en raison du manque d’infrastructures de l’armée allemande pour gérer cet afflux. L’Allemagne espère recruter 20 000 volontaires l’an prochain. Pour rendre ce service volontaire plus attractif, les jeunes gens qui s’engageront seront payés 2600 Euros bruts par mois.

L’adoption de la nouvelle loi a coïncidé avec la Saint-Nicolas. Cette botte avec l’inscription “service militaire” que ce jeune homme a découvert n’était celle qu’il avait laissé la veille devant sa porte

Cette réforme répond à la nécessité pour la Bundeswehr d’augmenter ses effectifs. Les objectifs de l’OTAN prévoient que l’armée allemande passe de 184 000 soldats à 260 000 en 2035. Le nombre de réservistes doit à moyen terme passer lui à 200 000.

Noël anticipé pour la Bundeswehr

Les députés ont adopté 50 milliards de dépenses pour l’armée allemande mercredi dernier. Avec ce nouveau paquet, les moyens pour les projets d’armement de la Bundeswehr cette année atteignent 83 milliards d’Euros, un niveau historique d’après le ministère de la Défense. Il s’agit d’un nouveau niveau record pour la troisième année consécutive. L’Allemagne avait adopté un fonds spécial hors budget de 100 milliards pour ses forces armées après l’invasion de l’Ukraine début 2022. La nouvelle coalition a levé le frein budgétaire au printemps pour les dépenses de la Bundeswehr pour laquelle le “quoi qu’il en coûte” prévaut désormais.

L’AfD à Magaland

Les liens entre l’administration Trump et l’Alternative pour l’Allemagne se renforcent. Quelques jours après la publication par Washington d’une nouvelle stratégie de sécurité très hostile à l’Europe, une vingtaine de parlementaires du parti d’extrême-droite allemand AfD se sont rendus aux Etats-Unis pour rencontrer des membres du parti républicain.
« Une alliance diabolique entre l’AfD et le mouvement Maga autour de Trump » : pour Knut Abraham, député chrétien-démocrate au Bundestag et ancien diplomate allemand à Washington, les républicains comme l’AfD oeuvrent à la « destruction de l’Europe ».

Le porte-parole pour la politique étrangère du groupe parlementaire AfD au Bundestag Markus Frohmayer lors de la soirée de gala des jeunes républicains à New York


Des députés du parti d’extrême-droite au Bundestag, au parlement européen et d’un parlement régional étaient du voyage. Des rencontres à Washington étaient prévues. Certes, les interlocuteurs n’étaient pas de tout premier plan pour éviter un incident diplomatique avec Berlin mais ils ont l’oreille de Donald Trump. A New York, les députés allemands ont assisté à une soirée de gala d’une association de jeunes républicains particulièrement radicale. Le porte-parole pour la politique étrangère du groupe parlementaire AfD au Bundestag a reçu un prix et tenu un discours. Le quotidien « Bild Zeitung » a précisé que le déplacement des seuls députés du Bundestag pris en charge par le parlement coûtera près de 60 000 Euros aux contribuables. A cela s’ajoute le voyage des autres élus.

Fin novembre, l’AfD a rebaptisé son organisation de jeunesse lors d’un congrès fondateur de “Génération Allemagne”. Le parti d'extrême-droite veut faire table rase du passé, mieux tenir la bride et mieux contrôler la relève pour pouvoir sanctionner les nombreux dérapages. Il s’agit aussi pour le parti de réduire les risques pour lui si une procédure d’interdiction à son encontre devait être un jour lancée. Jean-Pascal Hohm, un responsable du Brandebourg, au profil de gendre idéal, a été désigné à la tête de la nouvelle organisation de jeunesse. Mais si cette nouvelle structure se présente sous des atours plus professionnels et pourrait susciter moins de scandales, on constate cependant que les éléments les plus radicaux y sont encore plus nombreux que dans le passé.

France/Allemagne

-arrêt du train de nuit Paris/Berlin

Le dernier train de nuit (provisoirement) entre Paris et Berlin est parti il y a une dizaine de jours de la capitale française après la décision de l’Etat français de supprimer sa subvention à la SCNF. Une manifestation à la gare de l'Est s'est tenue pour protester contre cette décision.

La compagnie privée belgo-néerlandaise European Sleeper propose depuis quelques jours des billets pour la même liaison qui entre en service en mars prochain : https://www.europeansleeper.eu/de/paris?gad_source=1&gad_campaignid=20555700448&gclid=Cj0KCQiA0p7KBhCkARIsAE6XlakrNxHk0i_Ahqyv6EuBS9CJrOhyuxTX66h0s4xZnn3RFzk12m1C7hgaApbbEALw_wcB

-un parc Asterix en Allemagne

Un village gaulois doit voir le jour au début de la prochaine décennie près de Leipzig dans l’Est de l’Allemagne. Il s’agira du premier parc Asterix en dehors de l’hexagone. Cette décision n’est pas un hasard. Elle s’explique par la popularité de la BD française en Allemagne. Le nombre d’albums vendus fait de ce pays le deuxième marché au monde derrière la France. Depuis 65 ans, 130 miilions d’albums ont été vendus en allemand (et dans différents dialectes germaniques).

Le ministre des Affaires européennes Benjamin Haddad a offert le dernier Asterix à son homologue Gunther Krichbaum. L’album est sorti en allemand le même jour qu’en France.

Rosa von Praunheim :

mort d’un pionnier provocateur du mouvement homosexuel allemand

Le documentaire sur le réalisateur est à nouveau disponible sur le site d’Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/106278-000-A/enfant-chanceux-le-cineaste-gay-rosa-von-praunheim/

Chute du mur de Berlin : conflit juridique autour de gribouillis historiques

La conférence de presse donnée le 9 novembre 1989 par le membre du bureau politique est-allemand Günter Schabowski est entrée dans l’histoire. Armé du papier ci-dessous, le responsable communiste évoque de nouvelles mesures adoptées par la RDA pour faciliter les voyages des Allemands de l’Est vers l’Ouest. Interrogé par un journaliste sur le moment où ces dispositions entreront en vigueur, Günter Schabowski regarde ses gribouillis, bafouille et répond : “Pour autant que je sache immédiatement”. Le reste est connu.

Cet original est exposé au musée de l’histoire allemande à Bonn qui l’a acheté en 2014 pour 25 000 Euros en promettant au vendeur de ne pas révéler son identité. Le papier avait déjà été vendu à cette personne après avoir quitté de façon peu claire les archives de Schabowski. Un journaliste du quotidien “Bild Zeitung” veut savoir qui a vendu ce papier historique au musée de Bonn et a attaqué ce dernier en justice. En appel, un tribunal a décidé que l’institution doit se plier à cette exigence de transparence ce qui pourrait avoir pour conséquence la perte d’un morceau d’histoire. La cour de cassation devra juger en dernière instance.

Lettre d'Allemagne

Par pascal thibaut

Les derniers articles publiés