Si le SPD du chancelier Scholz remonte un peu dans ce sondage, la situation reste toujours très difficile pour la coalition au pouvoir à un an des prochaines législatives. Les unions chrétiennes-démocrates réalisent un score équivalent à celui des sociaux-démocrates, des verts et des libéraux réunis. Le FDP aujourd’hui perdrait sa représentation parlementaire au Bundestag comme en 2013. Le mouvement du ministre des Finances Christian Lindner a obtenu des scores microscopiques lors des trois régionales du mois dernier. Le 22 septembre, le FDP a attiré 0,83% des électeurs dans le Brandebourg, soit deux fois moins que le parti animalier. Les libéraux ressemblent de plus en plus à une poule décapitée qui continue encore sa course dans la basse-cour politique. Le FDP nous promet que cet automne sera décisif et menace à demi mots de quitter le gouvernement. Les libéraux continuent de ruer dans les brancards et s’opposent aujourd’hui à une réforme des retraites voulue par ses partenaires de gauche. Mais si ces menaces contribuent à la cacophonie ambiante, elles peuvent difficilement être prises très au sérieux.
Le président du FDP au volant de sa Porsche mal en point menace, peu crébible :
“Soit nos partenaires au sein de la coalition nous suivent sans conditions, soit je fonce tout seul”
Les écologistes ne sont pas dans une situation aussi dramatique que les libéraux. Mais les trois derniers scrutins régionaux ont également été douloureux pour eux. En Thuringe et dans le Brandebourg, ils ont perdu leur représentation parlementaire. En juin, ils avaient subi une sévère défaite aux Européennes (après un score historiquement élevé en 2019). Les sondages nationaux sont mauvais. L’actuelle direction bicéphale a préféré tirer sa révérence pour permettre à une nouvelle équipe de tenter un nouveau départ à un an des législatives.
La une du quotidien berlinois samedi dernier sur les verts et leur symbole, le tournesol
Omid Nouripour et Ricarda Lang ont annoncé leur retrait la semaine dernière et évoqué “la crise la plus grave” du parti depuis dix ans. Une nouvelle direction sera élue lors du congrès des écologistes en novembre. La succession s’organise assez vite. Vendredi, deux favoris ont confirmé leurs candidatures pour la co-présidence bicéphale. Franziska Brantner, aujourd’hui secrétaire d’Etat du ministre de l’Economie et vice-chancelier, Robert Habeck, dont elle est proche, est en lice. A ses côtés, un représentant de l’aile gauche, le jeune député de la Ruhr Felix Banaszak se porte également candidat. Ce remplacement va de pair avec la campagne des verts qui sera emmenée l’an prochain par Robert Habeck qui avait laissé la main en 2021 à l’actuelle ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock.
Le loueur Sixt ne rate jamais une occasion de rebondir pour ses publicités sur l’actualité politique. La semaine dernière, la société publiait une photo de la direction sortante des verts (Omid Nouripour à gauche et Ricarda Lang à droite) et proposait ses services : “Vous avez besoin de vider votre bureau à court terme ?”
Ce changement annoncé va aussi de pair avec des soubresauts internes. Les responsables du mouvement de Jeunesse des écologistes ont annoncé leur démission et leur départ du parti. Les compromis douloureux acceptés par la direction des verts notamment sur la politique migratoires sont rejetés par l’aile gauche du parti et notamment les plus jeunes; certains ne veulent plus se contenter de critiques internes et préfèrènt claquer la porte de leur mouvement.
”Il est encore chancelier ou on peut le jeter ?” s’interroge le magazine dans sa dernière édition
A un an des législatives, le chancelier Scholz bat toujours (comme sa coalition) des records d’impopularité. Les milieux politico-médiatiques qui adorent les spéculations s’interrogent régulièrement : Scholz peut-il tenir jusqu’en septembre 2025 ? Doit-il comme l’écrivait ces jours-ci un quotidien prendre exemple sur les démocrates américains et passer la main ? On évoque régulièrement le populaire ministre de la Défense Boris Pistorius. Faut-il crever l’abcès et organiser des élections anticipées ?
Autant d’hypothèses peu crédibles. Changer de chancelier sans changement de fond est sans doute un peu court. Remercier un chancelier après trois ans signifierait un aveu d’échec magistral pour le SPD. Enfin, Scholz, qui croit dur comme fer à ses chances de réélection, n’est certainement pas près à se laisser mettre sur la touche.
Il n’empêche. Des responsables du SPD expriment plus ouvertement que dans le passé leurs doutes sur “leur” chancelier. 2500 membres et élus du parti social-démocrate viennent de publier une lettre ouverte dans laquelle ils dénoncent le durcissement de la politique migratoire de leur mouvement.
Les chrétiens-démocrates, eux, sont en ordre de marche. La CDU et la CSU ont entériné la candidature commune du président du parti chrétien-démocrate, Friedrich Merz, à la chancellerie l’an prochain.
L’AfD est encore grisée par ses succès historiques lors des régionales de septembre. Sans surprise, la co-présidente du parti, Alice Weidel, a été désignée pour conduire la campagne électorale de l’an prochain. Le succès actuel de l’Alternative pour l’Allemagne dans les sondages pourrait signifier que le parti, aujourd’hui en deuxième position dans les études d’opinion, soit invité lors de débats aux côtés de Friedrich Merz et d’Olaf Scholz.
Après les régionales de septembre, le débat lancinant autour d’une procédure d’interdiction du mouvement d’extrême-droite reprend du poil de la bête. La rencontre de l’hiver dernier à Potsdam de l’AfD et ses projets de “remigration”, un jugement au printemps confirmant l’observation du parti par l’office de protection de la constitution ou encore des dérives toujours plus extrémistes ont conduit quelques dizaines de députés (CDU, SPD, Verts, Linke) a déposé un texte au Bundestag qui pourrait déboucher sur un vote demandant le début d’une procédure afin d’interdire l’AfD comme le permet l’article 21 de la constitution. Mais ces élus semblent isolés au sein de leurs partis respectifs où de nombreux autres députés ne soutiennent pas une telle procédure aux chances incertaines et pourrait à l’arrivée renforcer l’extrême-droite.
Elections dans le Brandebourg
La troisième élection régionale de septembre s’est terminée par une victoire d’une courte tête du SPD devant l’AfD même si le parti d’extrême-droite augmente sensiblement son score de 2019. Le pari du ministre-président du Land, le social-démocrate Dietmar Woidke, a été couronné de succès. Il avait annoncé qu’il se retirerait s’il était devancé par l’AfD. Le vote utile lui a profité.Les petits partis ont pâti de cette tendance : les verts et Die Linke ne seront plus représentés à la diète régionale. La CDU, elle, enregistre une défaite historique et a depuis les élections annoncé qu’elle ne souhaitait plus participer à nouveau au gouvernement aux côtés du SPD. Ce dernier devra donc, comme en Saxe et en Thuringe, prendre langue avec la nouvelle force, l’alliance Sahra Wagenknecht BSW. Dans le Brandebourg également, le mouvement, lancé au début de l’année, fait une percée spectaculaire. Son opposition aux aides allemandes à l’Ukraine notamment -même si ce sujet n’a rien à voir avec la politique régionale- complique les négociations de coalition avec le SPD.
BSW participera avec d’autres organisations ce jeudi, jour de la fête nationale allemande qui marque le 34ème anniversaire de la réunfication à une manifestation pour la paix à Berlin baptisée “Plus jamais la guerre - Baissez les armes!”.
La vie du rail
-un train direct entre Paris et Berlin de jour : il reliera à partir du 16 décembre les deux capitales (mise en vente à partir du 16 octobre) en huit heures et à partir de 60 Euros en deuxième classe . On s’épargne un changement en Allemagne, synonyme de stress permanent, en raison des retards devenus légendaires de Deutsche Bahn.
Un ICE par jour quittera la gare centrale de Berlin peu avant midi et arrivera à Paris juste avant le JT de 20 heures après un passage par Francfort, Karlsruhe et Strasbourg. Le train au départ de Paris part lui deux heures plus tôt.
-Le Deutschlandticket augmente : le billet mensuel introduit en mai 2023 et qui vaut aujourd’hui 49 Euros par mois passera à 58 Euros au premier janvier. Raison : l’augmentation des coûts (personnel, énergie) alors que l’Etat fédéral et les régions n’étaient pas prêts à augmenter leur subvention. Si les pouvoirs publics jugent l’offre toujours attractive (elle permet d’utiliser dans toute l’Allemagne les trains régionaux et les transports publics urbains), l’augmentation a été dénoncée par les organisations de consommateurs. Une solution pérenne n’existe toujours pas en raison des incertitudes sur le montant du financement par la puissance publique. On ignore encore son montant pour 2026.