L'actualité allemande, la connue et la moins connue, grâce à l'expérience de plus de trente ans du correspondant de Radio France Internationale sur place.
Journée franco-allemande :
les acteurs connus et moins connus
Le 61ème anniversaire du traité de l'Elysée ce lundi n'a pas eu bien sûr le même retentissement que l'an passé. Le discours hommage d'Emmanuel Macron à Wolfgang Schäuble au Bundestag était le moment le plus médiatique. Mais beaucoup d'autres initiatives ou projets, parfois trop peu connus, méritent d'être mentionnés.
Le 22 janvier n’avait pas été choisi au hasard. Pour honorer la mémoire de son ancien président, le Bundestag a choisi cette date anniversaire du traité de l’Elysée, la journée franco-allemande, pour rendre hommage à une figure centrale de la vie politique d’outre-Rhin pour qui la France jouait un rôle central comme la construction européenne. Emmanuel Macron a pris la parole après la présidente du parlement Bärbel Bas et le dirigeant de la CDU, Friedrich Merz. Le chef de l’Etat français a parlé essentiellement en allemand, avec une prononciation tout à fait correcte. "L'Allemagne a perdu un homme d'Etat, l'Europe un pilier et la France un ami (…) Si aujourd'hui vous entendez un Français parler au Bundestag, vous le devez aussi à l'amitié de ce grand Allemand", a déclaré Emmanuel Macron. Pour le président français, il faut être à la hauteur de l’héritage laissé par Schäuble. En bémol, on a pu comprendre que Paris regrette des réponses qui ont tardé à venir à Berlin.
Les députés présents comme les personnalités dans les tribunes (Angela Merkel, Christine Lagarde, Bruno Le Maire ou encore le chef d’orchestre Daniel Bareinboim) ont debout longtemps applaudi le discours d’Emmanuel Macron.
Ce 22 janvier est aussi l’occasion de nombreuses activités dans les deux pays, organisées par les administrations, les villes, les associations ou les écoles et qui témoignent de la richesse de la société civile franco-allemande.
Le fonds citoyen franco-allemand est devenu, quatre ans après son lancement, un acteur central de ces échanges facilitant leur organisation grâce à des subventions peu bureaucratiques et dont des micro-projets peuvent bénéficier (les trois quarts des soutiens étaient jusqu’à présent de moins de 5000 Euros). 2000 initiatives ont été appuyées depuis le lancement du fonds (environ 3000 dossiers ont été déposés). Victime de son succès, cette nouvelle superstar du franco-allemand a vu son budget annuel doubler il y a deux ans pour passer à cinq millions d’Euros par an. https://www.fondscitoyen.eu/
Dans une tribune dans “Le Monde” daté de ce mardi, un collectif de douze chercheurs estime que le potentiel du traité n’a été que partiellement exploité.
Le forum pour l’avenir franco-allemand est un autre bébé du traité d’Aix-la-Chapelle. Son objectif est de travailler sur les processus de transformation dans les deux pays sur la base d’expériences locales et de faciliter le dialogue entre les acteurs sur le terrain. Le forum dont la notoriété reste à améliorer a présenté ses propositions la semaine dernière que l’on trouve sur son site. https://forumpourlavenir.eu/
Le comité de coopération transfrontalière est autre produit du traité d’Aix-la-Chapelle. Son objectif est de solutionner des problèmes concrets dans les secteurs de la Santé ou sur le marché du travail. Le premier aspect a été important durant la pandémie de covid. Le renforcement de la coopération transfrontalière doit permettre de trouver des solutions ad hoc en prenant des “libertés” avec le droit national. Mais un big bang juridique est loin d’avoir eu lieu. https://agz-cct.diplo.de/agz-cct-fr
Génération Europe : c’était à l’Elysée il y a un an. Une vingtaine de jeunes des deux pays entre 18 et 35 ans avaient été sélectionnés et souriaient tout heureux aux côtés d’Olaf Scholz et Emmanuel Macron. Leur mission : réfléchir sur des propositions franco-allemandes qui sont en ligne depuis ce lundi : https://www.ofaj.org/ressources/un-nouveau-souffle-franco-allemand-pour-leurope
Lancement ce lundi du “Comité franco-allemand pour la tolérance en Europe, la paix et l’intégration au Moyen-Orient”. L’ancien président de la CDU, Armin Laschet, a évoqué notamment l’échange d’étudiants entre les pays qui ont signé les accords d’Abraham (Israël, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Bahrein) avec comme modèle Erasmus.
On ne peut pas évoquer la richesse de la société civile entre les deux pays sans mentionner son pilier historique à savoir l’office franco-allemand pour la jeunesse : ce digne enfant du traité de l’Elysée a également fêté son soixantième anniversaire l’an dernier. En six décennies, dix millions de jeunes ont participé à près de 400 000 programmes d’échange. L’organisation dispose d’un budget annuel de 30 millions d’Euros.
Au programme de 2024, de la mémoire (80ème anniversaire du débarquement, du massacre d’Oradour-sur-Glane, de la Libération et le 35ème anniversaire de la chute du mur de Berlin), de l’Europe avec les élections début juin, du sport avec la coupe d’Europe de football et les JO de Paris. L’OFAJ a des programmes pour tous les profils. A retrouver sur https://www.ofaj.org/
pascal thibaut
Ma relation avec l'Allemagne remonte à ma plus tendre enfance en Bourgogne grâce à un jumelage avec une commune de la Rhénanie Palatinat. Après de nombreuses échanges, divers séjours, des stages et autres séminaires, je me suis installé à Berlin juste après la réunification en octobre 1990. Après quelques années comme journaliste indépendant, j'ai commencé à travailler pour Radio France Internationale.