La question budgétaire continue de dominer l'actualité allemande. Après l'arrêt de la cour constitutionnelle, le gouvernement doit revoir sa copie pour 2023 et trouver une solution pour 2024. L'avenir de la transition économique et énergétique à laquelle le pays est confronté est menacé.
Au menu également de cette Lettre d’Allemagne : des nouvelles de la conjoncture; Scholz à la COP 28 et les engagements climatiques de Berlin; les partis politiques en congrès, en gestation ou au bord de l’abime et le retour du groupe Milli Vanilli, cette fois à l’écran.
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Les conséquences du séisme budgétaire provoqué par la décision de la cour constitutionnelle (confer précédente Lettre d’Allemagne) continuent de secouer le pays. Dans l’urgence, le gouvernement doit trouver des solutions aux impasses budgétaires. Les principaux ministères concernés comme la chancellerie sont en mode de crise. Les calculettes chauffent, les déclarations diverses et souvent contradictoires s’enchaînent, les milieux économiques s’inquiètent de possibles engagements qui seraient remis en cause, et la popularité du gouvernement, déjà au plus bas, ne sort pas grandie de cette dernière crise.
Celle-ci alimente largement l’inspiration des caricaturistes. Comme celle du talentueux Heiko Sakurai. On peut voir le “MS Budget” en train de sombrer tandis que le capitaine Olaf Scholz reste zen : “Ne vous inquiétez pas, nous ne vous abandonnons pas ! You’ll never sink alone”. Ce “vous ne sombrez jamais seul” fait référence au “You’ll never walk alone” souvent repris par le chancelier. Mardi dernier, lors d’une déclaration de politique générale devant le Bundestag, Olaf Scholz a livré peu de réponses aux attentes des Allemands sur la manière de régler la crise actuelle.
Dans l’urgence, le gouvernement a dans un premier temps dû corriger son budget 2023. Les strictes limites posées à l’utilisation des fonds exceptionnels par la cour de Karlsruhe ne permettait plus cette année de rester dans les clous du frein à la dette, cette règle ancrée dans la constitution qui n’autorise qu’un déficit budgétaire d’au plus 0,35% du produit intérieur brut. Le gouvernement avait suspendu cette règles à cause de la pandémie, de la crise énergétique et de la guerre en Ukraine suspendu durant les trois dernières années. Il en sera finalement de même en 2023.
"La fonte budgétaire. Le trou budgétaire menace la coalition, surtout la politique climatique"
Pour l’avenir, aucune solutiion pérenne n’a encore été trouvée. L’arrêt de la cour remet en cause 60 milliards de crédits pour les années à venir. Différentes options sont sur la table mais aucune ne s’impose aujourd’hui en raison des divisions au sein de la coalition et des positions très fermes de l’opposition. Le soutien des chrétiens-démocrates serait ainsi nécessaire pour obtenir une remise en cause ou à tout le moins un assouplissement du frein à la dette. Une telle modification impliquerait une réforme de la constitution pour laquelle une majorité qualifiée des deux tiers est nécessaire. La coalition au pouvoir aurait donc besoin du soutien de la CDU/CSU. Sans oublier que les libéraux au gouvernement s’opposent eux aussi à une telle remise en cause. Comme le refus de toute augmentation d’impôts, le strict respect du frein à la dette fait partie de l’ADN du FDP. Et les deux tiers des Allemands sont favorables à cette disposition. Un quart d’entre eux, d’après un sondage pour le magazine “Der Spiegel”, souhaiterait une remise en cause de cette orthodoxie financière.
"Le dynamiteur. Faire des économies jusqu'à l'implosion. Christian Lindner (le ministre des Finances libéral) mène t'il le gouvernement et le pays à la ruine"
Les partenaires des libéraux, les sociaux-démocrates et les verts, plaident pour une suspension du frein à la dette l’an prochain pour pouvoir tenir les engagements pris à moyen terme. Hormis la réserve des libéraux, il sera important d’argumenter solidemment pour justifier cette nouvelle dérogation. La cour de Karlsruhe que l’opposition ne manquera pas de saisir, pourrait scruter à la loupe les explications du gouvernement. Les dépenses liés à la guerre en Ukraine pourraient permettre de justifier cette nouvelle situation exceptionnelle. Il est moins sûr que la crise énergétique, moins aigüe aujourd’hui, avec des prix qui ont baissé, pourrait justifier une nouvelle suspension de la règle.
Autre solution : créer un fonds ancré dans la constitution comme celui de 100 milliards pour la Bundeswehr. Un tel dispositif ne serait pas retoqué par Karlsruhe. Les dépenses pour la transition énergétique de l’économie allemande pourraient y être inscrites.
Si ces différentes hypothèses ne trouvent pas de majorité, l’Allemagne devra en 2024 adopter un budget qui respecte le frein à la dette. 17 milliards d’Euros manquent aujourd’hui pour le boucler. Des hausses d’impôts se heurtent au refus des libéraux. Des économies sont envisageables mais les priorités des différents partis divergent. Le FDP comme l’opposition chrétienne-démocrate estiment que des coupes sociales sont envisageables. Ils proposent une remise en cause de la hausse de l’aide sociale de 12% au 1er janvier. Des subventions pourraient être remises en cause. Les écologistes sont les premiers (et pas les seuls) à estimer que les mesures en faveur du diesel ou des voitures de fonction ne sont plus dans l’air du temps.
"L'essentiel, c'est que le frein à la dette fonctionne"
De plus en plus d’économistes mais aussi quelques patrons de régions chrétiens-démocrates critiquent un frein à la dette devenu un frein pour l’avenir. Il a contraint l’Allemagne à faire preuve de fantaisie budgétaire pour contourner cette disposition constitutionnelle. Quelle ironie pour un pays qui a longtemps donné des leçons à ses voisins accusés de laxisme budgétaire et de non respect des critères de Maastricht ! Mais cette perte de crédibilité est à relativiser car l’Allemagne a l’endettement le plus bas parmi les pays industrialisés avec environ 65% du PIB. Le frein à la dette et l’obsession de l’équilibre budgétaire, ont conduit à réduire les investissements dans les infrastructures, pour la la numérisation et plus largement la modernisation du pays. A l’heure où les Etats-Uns avec l’IRA mobilisent des moyens massifs, l’Allemagne est menacée par une perte de compétitivité.
"L'Allemagne va t'elle devenir un risque pour l'économie mondiale ?" (Berliner Zeitung)
Les menaces pour l’avenir pèsent plus particulièrement sur la transition énergétique. Pour les Verts, déjà sur la défensive, l’heure est grave. Alors qu’Emmanuel Macron annonce la sortie du charbon en France pour 2027, son abandon en 2030 en Allemagne est aujourd’hui en question si les moyens pour la transition climatique devaient manquer.
Olaf Scholz s’est rendu à la COP 28 mais a abrégé son déplacement, crise budgétaire oblige. Les observateurs se demandaient si la réputation de l’Allemagne n’était pas menacée sur ces dossiers alors que le financement de la transition énergétique devenait plus fragile que jamais. Le chancelier a lancé un club pour le climat avec une trentaine d’Etats pour réduire les émissions d’industries lourdes particulièrement polluantes comme la sidérurgie ou les cimenteries. L’Allemagne a annoncé par ailleurs un soutien de 100 millions de dollars au fonds de compensation des pertes et dommages climatiques dans les pays vulnérables.
Le superman, sauveur du climat à la COP 28, a un accroc dans son costume. On peut lire dans le miroir "Budget"
Mais si la cour constitutionnelle a retoqué la fantaisie budgétaire du gouvernement pour imposer le respect des règles, la même institution avait imposé à Berlin en 2021 de revoir sa copie sur une loi climat. Pour la haute juridiction, le texte de l’époque ne prenait pas suffisamment en compte le droit des générations futures de vivre dans un monde où le réchauffement climatique ne constituerait pas une menace existentielle. Une autre décision la semaine dernière allait dans une direction similaire, imposant au gouvernement d’adopter des mesures d’urgence. Berlin a été condamné pour ne pas avoir respecté ses engagements sur le climat pour deux secteurs particulièrement émetteurs de CO2, le transport et l’habitat. Des mesures correctives immédiates pour redresser le tir auraient dues être prises. Cela n’a pas été le cas.
Le tribunal administratif de Berlin contraint le gouvernement à prendre de telles mesures. Un appel étant possible, Berlin gagne un peu de temps.
L’ONG Deutsche Umwelthilfe qui a déjà lancé d‘autres recours a, elle, déjà quelques idées sur les mesures possibles. Elle propose une limitation de vitesse sur les autoroutes, les nationales et en ville, la suppression de subventions dommageables pour le climat, pour le diesel notamment, et un programme d’assainissement des écoles.
-le chômage a augmenté en novembre pour la deuxième fois consécutive atteignant 5,9%. La faiblesse de l’économie allemande explique cette hausse. Le PIB a reculé de 0,1% au troisième trimestre après une légère hausse de +0,1% au deuxième et une croissance nulle au premier. Le gouvernement table désormais sur une récession de 0,4% sur l’année en cours.
-recul de l’inflation : le taux s’est établi à 3,2% sur un an en novembre. Un sensible ralentissement après les 3,8% enregistrés en octobre, 4,5% en septembre et 6,4% en août.
-les salaires réels ont augmenté pour le deuxième trimestre consécutif (+0,6% au T3). La baisse de l’inflation explique ce résultat. Les gains sont plus élevés pour les revenus les plus faibles.
-90 milliards d’Euros par an : c’est le montant des pertes pour l’économie allemande en raison du manque de main d’oeuvre qualifiée d’après une étude de la fédération des chambres de commerce et d’industrie DIHK. Une entreprise sur deux ne parvient pas à trouver du personnel. 1,8 million postes sont vacants aujourd’hui en Allemagne.
-Les Verts ont tenu leur congrès il y a une semaine. Avant tout destiné à désigner les candidats pour les élections européens et adopter le programme du parti pour ce scrutin, il était également attendu au moment où les écologistes traversent une passe difficile.
"Mieux vaut mal gouverner que ne pas gouverner du tout"Si les Verts, contrairement à leurs alliés sociaux-démocrates et libéraux, ont peu reculé dans les sondages depuis les législatives de 2021, ils doivent affronter un vent mauvais. Ils ont perdu du terrain lors d’élections régionales et dû quitter le pouvoir à Berlin et plus récemment en Hesse. Partisans d’une transition écologique en profondeur, leurs propositions heurtent des électeurs qui dans une période marquée par de nombreuses crises rêvent de stabilité et goûtent peu des remises en cause inconfortables. Les verts ont dû aussi faire des compromis au gouvernement. Le plus douloureux concerne la politique migratoire plus restrictive de l’Allemagne et l’approbation difficile de la réforme des règles européennes. Un débat passionné sur ce sujet a eu lieu lors du congrès de Karlsruhe mais les plus hostiles à la ligne de la direction sont restés minoritaires. Les deux co-présidents, Ricarda Lang et Omid Nouripour, ont été reconduits avec des scores similaires à ceux obtenus lors de leur première investiture début 2022.
-les états d’âme des libéraux : une pétition parmi les 77 000 membres du parti réclamant un referendum interne sur le départ du pouvoir a recueilli les 500 signatures nécessaires. Elles seront déposées au siège du mouvement à Berlin jeudi. Si les critères sont bien remplis, la direction du parti libéral serait obligée d’organiser un vote interne. Son résultat ne lie pas les responsables du FDP et un vote favorable à un départ du gouvernement parait peu probable. Cela constituerait aujourd’hui un harakiri pour un parti qui vivote dangereusement dans les sondages autour de la barre des 5% nécessaires pour être représenté au parlement. Mais un tel referendum servirait en tout cas de baromètre.
-congrès du SPD en fin de semaine à Berlin : la rencontre coincide avec les deux ans de la coalition au pouvoir et l’élection d’Olaf Scholz comme chancelier le 8 décembre 2021. (et les 25 ans de mariage du chef du gouvernement). L’atmosphère est morose dans les rangs sociaux-démocrates. Le parti est distancé dans les sondages (environ 15%) par des chrétiens-démocrates qui séduisent deux fois plus d’électeurs. Certes, d’importantes réformes sociales comme le Smic horaire à 12 Euros ou la nouvelle aide sociale ont été adoptées grâce à l’impulsion du SPD. Mais les états d’âme de la base devraient se faire entendre. Le nouveau patron du mouvement de jeunesse du parti attaque le chancelier de front. Le score des deux co-présidents Saskia Esken et Lars Klingbeil, candidats à leur succession, servira de baromètre pour tester le moral des troupes.
-Die Linke enterre son groupe parlementaire. Le départ de neuf députés du mouvement qui ont rejoint les rangs de Sahra Wagenknecht qui a lancé l’organisation concurrente BSW fait perdre au parti de gauche son groupe parlementaire. Ce dernier disparaitra mercredi. Une centaine de collaborateurs vont perdre leur emploi. Les 28 parlementaires restants vont demander à bénéficier d’un statut moins favorable (temps de parole, financements, questions au gouvernement…). Ce dimanche, le parti était crédité de 3% des intentions de vote dans un sondage pour le quotidien “Bild Zeitung”.
-congrès constitutif du nouveau parti de Sahra Wagenknecht le 27 janvier. Pour l’instant une association été créée. Elle a déjà collecté un million d’Euros de dons. Fin janvier, un parti en bonne et due forme sera lancé. Objectif : les élections européennes de juin prochain et les trois élections régionales dans l’Est du pays.
L’attaque tragique à Paris avec la mort d’un touriste allemand ce week-end a à nouveau souligné l’importance de la menace islamiste. Les autorités allemandes s’inquiètent également d’un tel risque dans leur pays en liaison avec la crise au Moyen-Orient. L’arrestation de plusieurs jeunes hommes la semaine dernière et les déclarations du président de l’office de protection de la constitution sont inquiétants. Samedi, un marché de Noël a été fermé dans le Sud de l’Allemagne en raison d’une menace terroriste.
La video postée à chaud par l’artiste avait fait le buzz sur le net et provoqué une vague de solidarité. En octobre 2021, le chanteur qui descendait dans un hôtel de Leipzig affirmait avoir été mal accueilli par un réceptionniste parce qu’il portait une étoile de David visible sur sa poitrine. Une manifestation de protestation devant l’établissement était organisée le lendemain. La communauté juive, des responsables politiques condamnaient un scandale inadmissible. Mais le directeur de l’hôtel et le personnel contestent la version du chanteur. Le litige a donné lieu à un procès.
"Ofarim nous a menti pendant 785 jours" (Bild Zeitung)
Finalement, Gil Ofarim a reconnu la semaine dernière que sa version était erronée. Des analyses video, des témoignages d’autres clients montrent qu’il n’y a pas eu d’attaque antisémite. La diffamation causée par la video à l’encontre de l’hôtel et de son personnel était passible d’une peine allant jusqu’à cinq ans de prison. Le juge a proposé une amende de 10 000 Euros si l’artiste se rétractait. Alors que l’Allemagne est traversée, comme de nombreux autres pays, par des débats intenses liés à l’actuelle guerre entre Israël et le Hamas, ce scandale tombe au pire moment. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gil_Ofarim
À la fin des années 80 et au début des années 90, le groupe Milli Vanilli est un véritable phénomène : chaque concert se joue à guichets fermés, chaque apparition publique déclenche une vague d'hystérie et presque d'émeute. En 1990, ils obtiennent le Grammy Award de la meilleure révélation. Le seul album Girl You Know It's True se vend à 10 millions d'exemplaires. Au total, le groupe vend près de 30 millions de disques.
https://www.youtube.com/watch?v=RdSmokR0Enk
L'affiche du film de fiction qui sort le 21 décembre en Allemagne
L’Allemand Robert Pilatus a représenté l’Allemagne au grand prix de l’Eurovision en 1987. Il rencontre le Français Fabrice Morvan dans la rue à Munich. Les deux hommes noirs sympathisent et fondent le groupe Empire Bizarre qui sort un single. Celui-ci est remarqué par le producteur Frank Farian. L’homme a du flair. C’est lui qui a créé le phénomène Boney M. Il décide de prendre les deux jeunes gens sous contrat et lance le groupe Milli Vanilli, fondé sur une supercherie de première. A l’automne 1990, elle est dévoilée. On apprend que Robert Pilatus et Fabrice Morvan ont toujours chanté en playback sur les voix d’autres artistes. Leur carrière s’arrête brutalement.
Dans une interview récente, Fabrice Morvan raconte : “J’étais jeune et j’avais besoin d’argent. J’ai signé le contrat avec enthousiasme. Je ne savais pas qu’on ne m’autoriserait jamais à chanter. Et le texte était en allemand que je ne parlais pas. Lorsque nous avons compris que nous ne chanterions pas, nous avons pensé à laisser tomber. Mais pour ça, il aurait fallu rembourser l’argent que nous avions déjà reçu et dépensé. Finalement, nous avons continué”.
Robert Pilatus ne se remettra jamais de ce scandale. Il meurt, probablement d’une overdose, en 1998. Le Français Fabrice Morvan, aujourd’hui installé aux Pays-Bas, parvient à rebondir avec sa propre musique. Il assistera aux premières du film “Girl you know it’s true” à Munich et à Berlin. Le film de Simon Verhoeven sort en salles en Allemagne le 21 décembre. Un documentaire consacré à Milli Vanilli va être diffusé sur la plateforme Paramount. Et Sony vient de sortir un album best-of à l’occasion du 35ème anniversaire du groupe.
Certains, peu galants, me disaient récemment penser qu’elle était morte. Mais non Mireille Mathieu est bien vivante. Si on parle moins d’elle en France, elle est toujours très connue en Allemagne où elle se produit depuis des décennies, également en allemand. Ce week-end, elle était invitée dans un grand show de l’ARD pour le premier Avent (à partir de 1:01:00) https://www.ardmediathek.de/video/die-feste-mit-florian-silbereisen/das-adventsfest-der-100-000-lichter/das-erste/Y3JpZDovL21kci5kZS9zZW5kdW5nLzI4MTA2MC8yMDIzMTIwMjIwMTUvZGllLWZlc3RlLW1pdC1mbG9yaWFuLXNpbGJlcmVpc2VuLWltLWVyc3Rlbi0xMDI
Chaque Allemand connaît Mireille Mathieu. Elle est peut-être la seule chanteuse française (hormis Edith Piaf) qui vient spontanément à l’esprit de nos voisins. En 1984, elle a reçu la plus haute distinction allemande, le Bundesverdienstkreuz, pour son engagement en faveur de l’amitié franco-allemande.
Instagram et Facebook m’ont visiblement identifier comme Français. Depuis quelques jours, impossible d’échapper à la publicité pour la tournée d’adieux de Mireille Mathieu en Allemagne.
Quand “My way” de Frank Sinatra devient “So leb dein Leben” https://www.youtube.com/watch?v=qSLFPswidNY
BLOCS#1 □ Bonjour, nous sommes le mercredi 29 novembre et voici le tout premier épisode de votre condensé d’actualité utile hebdomadaire sur le commerce international. Suivez nous également sur Twitter et LinkedIn.
Haro sur la taxe carbone aux frontières de l’UE ! Adoptée il y a six mois et même pas encore totalement mise en oeuvre, le nouvelle arme pour lutter contre le changement climatique est déjà contestée à l’intérieur, mais surtout à l’extérieur du bloc européen, notamment par la Chine et l’Inde. Ces dernières remettent en question sa légalité et menacent Bruxelles de mesures de rétorsion. À la veille de la COP 28 de Dubaï, focus sur ce sujet inflammable.
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CONTEXTE □ Exporter l’ambition climatique européenne, garantir la compétitivité des entreprises du Vieux Continent soumise à la tarification du carbone, et mettre la main sur de nouvelles recettes. Tel est le triple-objectif du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), définitivement adopté en mai par les institutions européennes. Le principe est simple: taxer les marchandises produites à l’étranger et exportées vers l’UE, en fonction de leur empreinte carbone.
Défendu depuis des décennies par la France, ce mécanisme en passe de devenir réalité est ainsi voué à éviter les délocalisations en harmonisant les conditions de concurrence entre entreprises européennes et étrangères vendant leurs marchandises dans l’UE. En clair, appliquer aux imports le prix du carbone payé par les entreprises européennes. Ce dernier est d’environ 80 euros la tonne pour l’heure, et devrait augmenter progressivement ces prochaines années.
Autre bénéfice entrevu: inciter les Etats tiers à adopter eux-mêmes un prix du carbone. Les Etats mettant en place des systèmes équivalents à la tarification carbone européenne se verront en effet exemptées de MACF — et pourront eux-mêmes mettre la main les recettes générées. Sur le papier, le système paraît donc attrayant, tant du point de vue climatique qu’économique ou financier.
Force est d’ailleurs de constater qu’il fait des émules: le Royaume-Uni, où existe déjà un marché du carbone, prévoit de répliquer le MACF à l’horizon 2026. Idem pour l’Australie. La Turquie, ou encore le Vietnam, réfléchissent de leur côté à instaurer une tarification du carbone domestique afin d’échapper au MACF. En cette veille de COP28, des nuages inquiétants viennent néanmoins ternir l’horizon du MACF.
LEGALITÉ CONTESTÉE □ On connaissait déjà la complexité technique du MACF. Réussir à connaître et à pénaliser de manière proportionnée les impacts carbones de marchandises produites n’est pas chose aisée. Au point que Européens ont convenu de le limiter, dans un premier temps, à un nombre réduit d’industries parmi les plus polluantes : acier, fer, aluminium, ciment, engrais, hydrogène et électricité. Et d’y aller très doucement. Rien ne sera prélevé avant le 1er janvier 2026, et l’alignement entre le prix du carbone européen et celui du MACF se fera ensuite progressivement.
Le défi technique se double d’un défi diplomatique. Avant-même d’avoir ponctionné le moindre euro, l’UE voit son projet chahuté par certains de ses partenaires commerciaux, dont la Chine, l’Inde, ou le Brésil. Et pour cause, « même avec son champ initialement limité, l’impact du MACF pourrait être sévère » sur les industries de ces « économies émergentes », note un rapport du Boston Consulting Group, paru mi-novembre.
Ainsi, le mécanisme « pourrait s’appliquer à près de 10% de la valeur des exportations vers l’UE de la Chine et du Brésil, à plus de 25% de la valeur de celles de l’Inde, (…) plus de 40% pour (...) l’Egypte et de la Turquie, toutes deux productrices majeures d’acier, de fer et d’engrais ».
L'Inde, dont les exportations d’acier, de fer et d’aluminium seront particulièrement touchées, entend répliquer. Deux options seraient à l’étude : des mesures de rétorsions qui frapperaient, de manière équivalente, les produits européens, ou bien un “rapatriement” des recettes du MACF, en appliquant une forme de taxe carbone sur le territoire indien.
En parallèle, New Delhi et, plus encore, Pékin sont parties pour saisir l’organe de règlement des différends de l’OMC afin de contester la légalité du mécanisme. Aux yeux de ces pays, le MACF relève d’un « protectionnisme vert », contraire aux règles du commerce international.
Quelle sera l’issue de cette procédure ? Les experts sont partagés. L’UE invoque l’article 20 du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) qui prévoit des exceptions aux principes du libre-échange pour permettre des mesures destinées à la protection de l’environnement.
CAUCHEMAR MOZAMBICAIN □ A contrario, ses détracteurs considèrent que le MACF est une violation du principe du droit international de l’environnement dit « des responsabilités communes mais différenciées », selon lequel les pays développés doivent assumer un rôle plus important que les autres dans la lutte contre le changement climatique.
Celui-ci justifierait, a minima, d’accorder un traitement plus clément aux pays les moins développés. A fortiori ceux dont l’économie est cruellement dépendante d’exportations, vers l’UE, de marchandises à haute intensité carbone. L’exemple le plus parlant est ici le Mozambique, dont le premier produit exporté est l’aluminium, et ce en majorité vers l’UE. Sauf à réussir une rapide décarbonation de cette industrie, le pays d’Afrique de l’Est risque une perte de 1,6% de son PIB, sous l’effet du MACF.
Pour favoriser l’acceptabilité du mécanisme, l’UE pourrait décider de réallouer une partie de ses recettes, estimées à 10 milliards d’euros par an en 2030, dans la décarbonation des industries des pays les plus pauvres. Le sujet pourrait se lier à celui du volume de l’aide financière promise par les pays les plus riches, au menu de la COP28.
Alors que les pays du Nord viennent enfin de remplir leur engagement, pris en 2009, de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider le Sud face au réchauffement climatique, un nouveau fonds « pertes et dommages », destiné à indemniser les pays vulnérables pour les catastrophes naturelles, sera à l’agenda à Dubaï.
Par ailleurs, le sommet annuel sur le climat comprendra un « Trade Day » : le 4 décembre, les pourparlers se focaliseront sur « le rôle du commerce international dans la lutte contre le réchauffement climatique ». Ce qui devrait donner l’occasion aux adversaires du MACF de se faire entendre.
Plus généralement, les Européens craignent que la colère suscitée par le MACF nuise à sa capacité de négociation face à Pékin et New Delhi, qui entendent pour l’heure atteindre la neutralité carbone respectivement à l’horizon 2060 et 2070 — loin de l’UE qui table sur 2050 . « L’un des enjeux majeurs [de cette COP28], c’est que les deux géants que sont la Chine et l’Inde infléchissent rapidement leur trajectoire. L’avenir du monde se joue largement en Asie », considérait lundi Rémy Rioux Directeur général de l’Agence française de développement (AFD), dans un entretien accordé à La Croix.
LE MEDEF À BLOCS □ Le MACF fait aussi l’objet de vives critiques à l’intérieur de l’UE. D’abord, pour les industries européennes, le projet perd son intérêt s’il aboutit sur des contre-mesures commerciales ciblant les produits européens. Deuxièmement, son fonctionnement encore obscur ne plaide pas en faveur du MACF.
« On craint que ce dispositif génère beaucoup de complexité administrative dans un environnement où la charge règlementaire pèse déjà énormément sur les entreprises européennes », explique le Mouvement des entreprises de France (Medef), dans une réponse écrite adressée à BLOCS.
Enfin, la critique du MACF en Europe tient à son caractère inachevé : il ne s’applique pas à ce stade aux produits finis. Par exemple, l’acier importé sera soumis au mécanisme, mais pas l’acier contenu dans une voiture importée.
Par conséquent, « les entreprises européennes utilisant les produits concernés comme consommation intermédiaire paieront le prix du carbone importé et ce surcoût se répercutera cascade, tandis que les produits transformés à partir des mêmes produits hors d'Europe ne supporteront pas cette taxe carbone », résumait une note de l’institut d'études économiques Rexecode, en juin dernier.
Le Medef se plaint ainsi de l’augmentation des prix que devrait susciter le MACF. Les surcoûts pour les importations de fer, d’acier et d’aluminium pourraient être particulièrement fortes, estiment en effet la banque ING, ou encore le cabinet de conseil sur l'énergie et les métaux Wood Mackenzie. L’organisation patronale précise néanmoins « ne pas demander l’abrogation » du mécanisme européen.
Javier Milei, le nouveau Président argentin. ©️ Ilan Berkenwald, Flickr
MALOS AIRES □ L’élection de l’ultra-libéral d’extrême-droite, Javier Milei, à la tête de l’Argentine, dimanche 19 novembre, a semé l’incertitude sur le futur des relations commerciales de la troisième puissance économique de l’Amérique latine. Une incertitude qui s'étend particulièrement au Mercosur, l'union douanière regroupant le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, formant ainsi le cinquième bloc économique mondial, que Javier Milei a qualifié de « défectueux ».
Le « Trump de la Pampa » n’a pas hésité, lors de sa campagne, à menacer de quitter le Mercosur, en pleine intensification des négociations avec l'UE visant la ratification de l’accord de libre-échange entre les deux blocs attendu depuis plus de 20 ans. Un accord de principe avait été conclu en 2019, avant que l'UE exige des engagements environnementaux supplémentaires de l'Amérique du Sud. Les quatre pays membres ont rejeté cette demande, la considérant comme protectionniste.
Malgré la lenteur des discussions UE-Mercosur, les déclarations de Milei ont incité le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays assure actuellement la présidence tournante du Mercosur, à exprimer le souhait de conclure les négociations avec l'UE avant le 7 décembre. Une date qui marque non seulement le dernier jour de la présidence brésilienne de l’union douanière, mais qui intervient aussi trois jours avant le changement de gouvernement en Argentine.
Les déclarations de Lula mêlées au marasme économique dans lequel est empêtrée l’Argentine ont sans doute convaincu Milei de mettre de l’eau dans son vin. Le 26 novembre, la ministre des Affaires étrangères désignée, Diana Mondino, s'est ainsi rendue au Brésil pour apaiser les tensions avec son homologue Mauro Viera. Au cours de cette réunion, l'Argentine a écarté l'idée de quitter le Mercosur, plaidant plutôt en faveur de changements « ciblés ».
Par ailleurs, elle a déclaré que le futur gouvernement soutiendra l'accord commercial Mercosur-UE. « Nous sommes ensemble avec le Brésil et nous avons parlé de l'importance de signer l'accord Mercosur-Union européenne, ainsi que d’autres accords avec des pays tels que Singapour », a précisé Diana Mondino. Reste à savoir si les Vingt-Sept, dont les réticences à s’engager avec le Mercosur n’étaient pas sans lien avec l’attitude de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, consentiront à être plus cléments avec Milei.
Lors de la réunion, la future ministre des affaires étrangères a toutefois confirmé la volonté de Javier Milei de refuser d’intégrer les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), malgré l’engagement pris par le président sortant, Alberto Fernandez. Cette décision découle de la conviction que l'adhésion à cette organisation n'apporterait pas de « bénéfices majeurs » à l'Argentine et contredirait les plans du nouveau gouvernement de renforcer ses liens avec les États-Unis.
Un choix déploré par la Chine, qui estime que ce serait une « grave erreur » de ne pas rejoindre les BRICS. « Le mécanisme de coopération des BRICS est une plateforme importante pour les marchés émergents et les pays en développement afin de renforcer la solidarité et la coopération et de défendre les intérêts communs », a déclaré, mardi dernier, le ministère chinois des Affaires étrangères.
OUI AUX KIWIS □ Le Parlement européen (PE) a largement soutenu l’accord de libre-échange (ALE) UE-Nouvelle Zélande, mercredi 22 novembre — 524 votes pour, 84 contre et 21 abstentions. Une onction démocratique indiscutable pour un accord pourtant très contesté par les fédérations agricoles, notamment françaises, qui craignent une concurrence déloyale au vu des différences de standards sanitaires et phytosanitaires entre les deux blocs.
De leur côté, la gauche française et certaines ONG pointent l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre que provoquera l’intensification des échanges entre les deux blocs aux antipodes.
Les défenseurs de l’accord objectent que ce dernier contient des engagements sociaux et environnementaux d’un niveau inédit pour un ALE. Est notamment prévue la possibilité de sanctions en cas de violation grave des principes fondamentaux du droit du travail ou de l’Accord de Paris sur le changement climatique.
D’un point de vue économique, l’accord, voué à éliminer 98,5% des droits de douane bilatéraux, paraît assez prometteur. Les exportations bilatérales de l’Union devraient en effet progresser de 31,7% en 2030, selon l’étude d’impact de la Commission européenne. Les exportations en provenance des Kiwis devraient quant à elles augmenter de 23,4% et le PIB de la Nouvelle-Zélande de 0,5%.
Le traité approuvé par le PE semble surtout avoir valeur géopolitique. Il permet en effet à l’UE de se rapprocher diplomatiquement d’un pays de la zone stratégique de l’Indopacifique qui cherche qui plus est à sortir de sa dépendance à la Chine. La Nouvelle-Zélande est par ailleurs membre du Commonwealth, ce qui compte dans le contexte post-Brexit. L’ALE, approuvé aussi par les ministres du commerce des Vingt-Sept lundi, doit encore être ratifié par le Parlement de Wellington avant d’entrer en vigueur.
Sa mise en oeuvre devrait débuter mi-2024, soit quatre ans après le dernier ALE ratifié par l’UE, avec le Vietnam. Le prochain pays sur la liste pourrait bien être le Chili. L’accord de modernisation de l’ALE en vigueur depuis plus de 20 ans, conclu par Bruxelles avec Santiago il y a un an, devrait en effet atterrir le mois prochain sur la table du Conseil européen.
ANKARA IRRITE □ Recep Tayyip Erdogan jouerait-il avec les nerfs de ses alliés de l’OTAN ? Comme le signale le Financial Times, les exportations en provenance de Turquie de marchandises vitales à la machine de guerre russe ont explosé ces derniers mois.
Au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, Ankara a ainsi reporté 158 millions de dollars d’exportation, à destination de la Russie et de cinq ex-républiques soviétiques proches du Kremlin, de 45 biens à double-usage, civil et militaire, listés comme « hautement prioritaires » par les Etats-Unis. Soit trois fois plus que l’année dernière à la même période.
Parmi ces biens, des semi-conducteurs, des équipements de communication, ou encore des lunettes de visée, qui font tous l’objet d’interdiction d’exportation vers la Russie quand ils sont produits aux Etats-Unis, dans l’UE ou encore au Japon. De quoi suggérer que la Turquie, dont les importations de bien « hautement prioritaires » en provenance de pays du G7 ont augmenté de 60% cette année, est en train de s’imposer comme un pays pivot dans le contournement des sanctions visant Moscou.
Excédé par cette situation, Washington tente de remettre les points sur les i. Le Sous-secrétaire au Trésor américain chargé du terrorisme et du renseignement financier Brian Nelson doit ainsi se rendre cette semaine à Istanbul et à Ankara. Il tentera d’obtenir des engagements du gouvernement turc, qui associe pour l’heure l’augmentation de ces exportations douteuses à des actes isolés d’entités « qui ignorent les sanctions ou y sont indifférentes ».
L’ACCORD QUI ROUILLE □ Plus ça va, moins ça va. À un mois de la date-butoir qu’ils se sont fixé, Européens et Américains ne sont toujours pas parvenus à s’accorder sur un règlement définitif de leur différend sur l’acier et l’aluminium. Le conflit, initié en 2018 par Donald Trump, alors Président des Etats-Unis, a été temporairement et partiellement réglé par une trêve conclue en 2021 entre les deux blocs. Les Européens avaient alors accepté de mettre fin à une partie de leurs mesures de rétorsion et les Américains consenti à lever les droits de douanes sur une partie des importations en provenance du Vieux Continent. Le conflit menace néanmoins de resurgir, à l’approche de l’expiration de ce cessez-le-feu commercial, prévue pour le 1er janvier 2024.
Si aucune solution n’est trouvée d’ici-là, Washington pourrait reconduire ses droits de douanes punitifs (25 % sur l'acier et 10 % sur l'aluminium) et l’UE réintroduire ses contre-mesures sur une série de produits américains. Un jeu perdant-perdant qui paraîtrait d’autant plus absurde que les deux alliés partagent la volonté de lutter contre la surproduction venue d’Asie, tout en se divisant sur les moyens de mener cette lutte.
La perspective d’un déterrement de la hache de guerre paraît d’autant plus probable que les relations entre les responsables des affaires commerciales des deux côtés de l’Atlantique paraissent pour le moins tendues. La réunion du Conseil transatlantique du commerce et des technologies, qui devait avoir lieu en décembre a ainsi été reporté à l’année prochaine, comme l’a appris Bloomberg.
Lundi, le conflit sur l’acier et l’aluminium a été jusqu’à provoquer l’agacement du vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, d’ordinaire placide. « C'est une situation asymétrique, rigide, et qui peut être améliorée » a estimé le Letton en conférence de presse, suite à un conseil des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept. À défaut de solution pérenne, Bruxelles et Washington pourraient aussi choisir de prolonger l’accord actuel, ce qui sonnerait comme un aveu d’échec.
□ L'Institut Jacques Delors a récemment publié un rapport qui analyse divers scénarios potentiels pour le futur politique, économique et les relations mondiales de la Chine jusqu'en 2035, en se focalisant sur sa relation avec l’UE.
□ Suite à la ratification de l’accord commercial UE-Nouvelle Zélande, Iana Dreyer livre une analyse assez sombre sur la politique commerciale de l’UE, à quelques mois des élections européennes de juin 2024.
□ De nouvelles données de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) mettent en évidence les limites du produit intérieur brut (PIB) en tant que mesure globale du progrès, soulignant qu'une production économique plus élevée n'équivaut pas à une croissance plus inclusive et durable.